#14 Notre reading-list de l'été
Les meilleures nouveautés de 2025 que vous avez peut-être ratées sont ici.
📚 Dans ce dernier numéro spécial avant la trêve estivale, on vous partage nos nouveautés préférées de 2025 qui vous ont peut-être en partie échappées. Il ne s’agit ni d’Adèle Yon, de Blandine Rinkel ou de Deborah Levy (même si on les kiffe). Une sélection aux petits oignons autour de la parentalité, de l’enfance et de la famille, à ajouter à votre PAL (nota bene: on a aussi le droit de ne pas lire, c’est ok).
Vachette de Suzanne Duval, éditions P.O.L, 26 pages, 18e
À partir d’un commentaire désobligeant selon lequel les femmes enceintes ressembleraient à des grosses vaches (!), la jeune autrice Suzanne Duval, comme un pied de nez aux rageux, décide de tirer littéralement ce fil narratif. Dans Vachette, elle met en scène la métamorphose bovine d’une jeune prof de lettres parisienne durant la gestation de son bébé… enfin, de son veau. Un exercice de style étonnant et hilarant sur la mue un peu monstrueuse du corps enceint. Vachement bien (pardon).
✔️Grossesse ✔️Animalisme
Cérémonie d’orage de Julia Armfield, traduction Laetitia Devaux et Laure Jouanneau-Lopez, éditions La croisée, 304 pages, 22e
Dans un futur pas si lointain, la Terre est inondée et les habitations ont été surélevées sur des pilotis. Agnes, Isla et Irene, les trois sœurs, toutes lesbiennes, de Cérémonie d’orage, arpentent cahin-caha ces contrées détrempées. Brouillées de longue date, elles sont à nouveau réunies par la mort brutale de leur père, architecte de renom. Le très beau premier roman traduit en français de la jeune Britannique Julia Armfield ausculte cette attachante famille queer éclatée, aux prises avec des embrouilles généalogiques et une éco-anxiété paralysante.
✔️SF ✔️LGBTQIA+
De son sang de Capucine Delattre, éditions La ville brûle, 240 pages, 18e
Si le thème du regret maternel n’a pas encore été épuisé, loin de là, Capucine Delattre va plus loin dans ce nouveau roman, en élaborant un personnage de mère qui n’aime pas son enfant (l’ultime tabou?). Sabine, divorcée, refuse la garde de son fils, Téo, et s’éprend du rejeton d’une collègue rencontrée dans l’open-space où elle s’étiole depuis plusieurs années. Un roman dérangeant par l’autrice d’Un monde plus sale que moi et Les déviantes qui estime, à raison, que la littérature est l’espace idéal pour faire éclore cette parole encore inaudible socialement.
✔️Regret maternel ✔️Office life
Cui-Cui de Juliet Drouar, éditions du Seuil, 192 pages, 19e
C’est le premier roman de l’auteur, thérapeute et chercheur Juliet Drouar, comme un prolongement littéraire de son travail publié dans ses essais comme La culture de l’inceste (Seuil) ou encore Sortir de l’hétérosexualité (Binge). Ce texte est né d’une réflexion entamée dans un article publié sur Mediapart en faveur du droit de vote des mineur·es. Dans le contexte où se déroule Cui-Cui, dans une France dystopique de 2027, elleux ont obtenu ce graal, pour enfin avoir voix au chapitre dans l’exercice de la citoyenneté. D’autant qu’il y a du pain sur la planche, à commencer par la dénonciation des violences exercées sur les enfants et adolescent·es. Le·a narrateur·ice est iel-même victime d’un père incestueux. On suit la navigation intérieure de ce personnage, ses amitiés et ses désirs, le collège où a lieu l’intervention d’une association qui fait qu’iel “largu(e) les amarres de planète Déni”, puis les questions de la prof Gisèle qui se demande comment recueillir cette parole. Le récit se déploie avec une grande fluidité dans une écriture inventive, mélange de jargon adolescent, de néologismes et de politisation éminemment créatif et poétique.
✔️Droit des mineur·es ✔️Critique de la domination adulte
Darons Daronnes. Les tendres tâtonnements de la parentalité de Clara Georges, éditions du Seuil, 288 pages, 19,90e
“Est-il cruel d’envoyer son enfant dans sa chambre?” “Nos amitiés peuvent-elles survivre aux enfants?” Le recueil Darons Daronnes est une sélection de textes issus de la newsletter du même nom lancée dans Le Monde par Clara Georges, également rédactrice en chef de la verticale “Intimités” du journal. Ces chroniques entremêlent des bribes de vécu personnel déculpabilisantes -comme quand la journaliste confesse que ses enfants lui reprochent à elle et à son compagnon d’être constamment sur leurs téléphones- de la recherche et des interviews avec des psys ou des parents. C’est foisonnant et ça a le mérite d’offrir des perspectives, comme on tente de le faire chez Quoi de mum?, à nos contradictions et nos questionnements parentaux.
✔️Déculpabilisation ✔️Journalisme
Le journal de Samuel d’Emilie Tronche, coédition ARTE-Casterman, 320 pages, 23e
La très remarquée série d’animation d’Emilie Tronche diffusée sur ARTE en 2024 devient une bande dessinée, aussi sublime que sa version animée. C’est l’histoire de Samuel, 10 ans, qui tient son journal intime. On suit ses confessions, ses frustrations, ses coups de cœur et ses coups de sang. Il y a “la grande Julie” qu’il aime en secret, les copains dont un qui a perdu sa mamie, l’école, la perception des parents qui “s’engueulent” ou qui organisent des boums dans le jardin. Comme dans la version télévisuelle, la magie opère dès les premières pages. Les illustrations en noir et blanc au trait tout simple permettent de déployer toute la palette des émotions avec beaucoup d’expressivité. Samuel danse, pleure, rigole, écrit et, qu’on ait 10 ans ou 60 ans, chacune de ses actions ou de ses pensées nous touche.
✔️BD ✔️Enfance
Bel été à toustes et merci pour le soutien!
Clémentine et Pauline
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